Certains
confondent encore la géostratégie avec les attitudes de solidarité ou
d’angélisme par rapport à l’occitanophilie catalane. Il y en a même qui
s’embarquent dans des confrontations qui s’adressent plus au voisin qu’à Paris
(http://www.cdccat.com/post.php?title=sem-catalan-pas-gavatxos&id=72
). Notre revendication de l’Occitanie ne relève pas seulement de la solidarité
internationaliste mais de « notre » revendication dans le contexte du
territoire historique qui nous a façonné. Ce n’est pas dans un sens
impérialiste mais dans le sens traditionnel, confédéraliste et souverainiste
qui nous caractérise depuis le Ve siècle.
Nous avons
vu comment cette pratique a servi pour trouver des appuis pour les Catalans
(alors que nos ennemis se sentent menacés de pertes supplémentaires de
territoire qui s’ajouteraient aux décolonisations précédentes) et comment ces
stratégies créent souvent des cycles d’action-réaction-action : l’Espagne
et la France agissent de manière agressive de peur que ces territoires
périphériques, à l’origine de langue catalane ou occitane, n’établissent des
liens avec la Catalogne. Les mesures de
répression contre la langue ou l’identité ont provoqué des réactions de la part
des autochtones qui contribuent à des avancées dans la conscience
nationale.
Dans les
années 80 et 90, beaucoup de Catalans ont également condamné la revendication
catalane sur Perpignan et Alicante et dernièrement, on nous a dit "vous
voyez que nous avions raison, pendant que nous revendiquions des zones
éloignées du cadre de la Generalitat de Catalogne, vous ne faisiez que créer
des problèmes stériles comme l’anticatalanisme mais au final toute la politique
(le Processus, le référendum …) a été réduite à la région de Catalogne au sens
strict du terme ». Cependant, en marge des paris espagnolistes ou
francistes qui ont caractérisé certains autochtones de la périphérie, la
réalité c’est que la revendication constante des Pays catalans a provoqué
suffisamment de conscience et de réactions, à Perpignan comme à Alicante qui se
traduisent en appuis à l’indépendance du Principat, ainsi que la perspective,
si utopique soit-elle, d’un futur espace territorial commun (culturel,
administratif, étatique) que nous ne pouvons pas dédaigner.
Il se passe
la même chose pour la revendication de l’espace occitano-catalan : nous
créons des stratégies qui peut-être ne porteront des fruits que dans un siècle
mais que nous ne pouvons pas dédaigner, de la même manière que nous ne le
faisions quand nous indépendantistes (les trois pelés que nous étions il y a 40
ans) nous déplacions de Perpignan à Alicante pour une action de
renationalisation qui nous a menés aujourd’hui aux portes de
l’autodétermination du Principat. Même si d’entrée cela peut nous paraître peu
utile, peu urgent, pas indispensable, voué à l’échec, susceptible d’être remis
à plus tard … l’Occitanie fait partie de nous et personne de censé ne renonce à
une partie de lui-même.
Fantassin
Traduit du
catalan par JP Hilaire
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